Interview de Thomas Iwaszko

15 Oct
Interview de Thomas Iwaszko

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Thomas Iwaszko était de passage à Strasbourg accompagné de ses projets. Développeur originaire de Haguenau, il m’a parlé du milieu dans lequel il évolue.

  • Avant de parler de tes projets, peux-tu te présenter ainsi que ton associé ?

Je m’appelle Thomas et j’ai 30 ans. Après le lycée, j’ai étudié l’informatique jusqu’à décrocher le Master à Strasbourg et le Doctorat à Mulhouse. Ensuite j’ai souhaité explorer divers milieux professionnels. En juin 2014, alors que j’étais ingénieur dans un labo de l’École Centrale Paris, j’ai fait des rencontres déterminantes, notamment avec de futurs entrepreneurs. Ces personnes parlaient de start-up, de business, d’incubateurs… Cela m’a inspiré, au point de me jeter à l’eau quelques mois plus tard !

Mon associé Fabien Hulot a 30 ans également. C’est un ami de longue date ; nous étions dans la même classe au lycée à Haguenau. Après avoir obtenu une maîtrise d’Arts Visuels à Strasbourg, il a été diplômé des Beaux-arts à Épinal. Ensuite il a travaillé dans le domaine de la rédaction Web.
On s’est retrouvé par hasard à Paris où lui travaillait comme rédacteur pour la société Wonderbox. Comme nos compétences sont très complémentaires, je lui ai proposé de bosser avec moi… Et notre collaboration continue aujourd’hui.

  • Comment Gaudia Tech a été fondée ?

En octobre 2014, on s’est synchronisé avec Fabien pour travailler à plein temps sur la création de jeux vidéo. Nous avons débuté au sein d’un incubateur d’entreprises près de Paris et avons tâché “d’apprendre sur le tas” le métier de créateur de jeux et celui d’entrepreneur ! Pour le moment, Gaudia Tech est un collectif artistique fondé dans l’idée de travailler à deux avec Fabien ; de donner une identité à notre duo. Notre collectif est toutefois susceptible d’évoluer voire de s’agrandir…

  • Quels projets avez-vous déjà réalisé ?

En un an d’activité, nous avons travaillé sur trois projets :
– le MMORPG jouable par navigateur «Tequila Life» dont le développement est aujourd’hui en pause ;
– le jeu mobile «Fresh Your World» qui est disponible en téléchargement sur GooglePlay et l’AppStore ;
– le jeu mobile «Kansas Challenge» développé cet été et actuellement en phase de test, il sortira très prochainement.

  • Vous avez récemment publié Fresh Your World ; en quoi consiste ce jeu ? Quel est son message ?

Dans Fresh Your World, le joueur incarne un esquimau qui prend conscience de la fonte des glaces, et décide de régler le problème du réchauffement climatique une fois pour toute en rafraîchissant les responsables à coup de boules de neige !

Le jeu consiste à mémoriser plusieurs combinaisons de symboles droite/gauche (une combinaison par ennemi) et de rafraîchir un maximum d’ennemis. À chaque partie, les combinaisons sont différentes. D’un point de vue conception de jeu, le gameplay est donc un mix arcade-memory game.

Dans ce jeu, on fait passer un message écologique tout en restant léger/sarcastique. On voulait rappeler que le réchauffement climatique est un phénomène d’actualité, faire réfléchir en mettant en scène des “responsables” : des consommateurs avides, un bodybuilder, un rappeur, des animaux de zoo ou de cirque… C’est tout le mode de vie occidental, la société de consommation et son impact sur l’environnement qui sont ainsi remis en question.

Fresh Your World

Fresh Your World

  • Selon toi, pourquoi le choix du jeu vidéo comme support peut-il avoir plus d’impact sur les mentalités ?

Personnellement, ce qui me plaît dans le jeu vidéo comme média, c’est la participation du joueur dans l’expérience de jeu, son attitude active. Contrairement à la télé ou la radio, le jeu vidéo oblige à prendre part à un processus de découverte de l’information, voire d’expérimentation. Cette attitude “curieuse” de la part du joueur me semble plus propice à l’exercice de son esprit critique. Encore faut-il que le thème du jeu le permette !

Il y a aussi le côté “rituel” qui est intéressant : on peut faire une partie par jour par exemple. On vit une expérience à de multiples reprises, notre opinion sur le thème présenté pouvant évoluer au cours du temps. La répétition nous laisse un temps entre les parties, pour réfléchir.

  • Quel type de public était concerné par votre tout premier projet ? La cible a t-elle changée pour les projets suivants ?

Avec notre premier projet Tequila Life, nous avions visé un public type Hardcore gamer, fan de RPG (Role Playing Game = Jeu de rôle) en ligne, et nostalgique. Nous avions donc misé à la fois sur un graphisme pixel art et le caractère multiplateforme (cross platform en anglais).
Notre problème avec ce type de produit, c’est qu’il faut des moyens énormes pour en développer un et le commercialiser, même avec des graphismes 2D retro ! 
Après 4 mois de développement et après avoir mis en ligne une version alpha testée par de nombreuses personnes, nous avons pris la décision de mettre le projet en pause et de repartir sur des projets plus en adéquation avec nos moyens.

Nos projets suivants se focalisent sur la plateforme “mobile” uniquement et visent un public beaucoup plus Casual gamer. Les attentes de ce public-là sont plus simples ; un joueur Casual aime les parties courtes, les principes de jeu minimalistes, si possible sans tutoriel. Il me semble que c’est bien plus abordable pour deux créateurs de jeux indé, de proposer un produit appréciable à ce public-là.

  • Vous préparez avec ton associé un futur projet avec une célébrité locale, peux-tu m’en dire plus ? Y a t-il déjà une date de sortie prévue ?

En effet, notre dernier projet en date, appelé “Kansas Challenge” est réalisé en collaboration avec le chanteur et comique Kansas of Elsass.
Il s’agira d’un quiz testant les connaissances du joueur sur la géographie, la cuisine ou la langue régionale. Ce sera un quiz qui ne se prendra pas trop au sérieux et il y aura la fameuse touche déjantée apportée par Kansas himself, notamment avec une question bonus en fin de partie, et des commentaires sarcastiques.
On préfère ne pas donner de date précise de sortie car nous prenons le temps de soigner la finition du jeu. En tout cas il sortira au courant du mois d’octobre, et il sera gratuit !
Vous pouvez retrouver t
outes les info sur la page Facebook

  • Tu travailles dans un milieu en constante évolution où se faire remarquer n’est pas chose aisée. Quelle est ta vision de cet écosystème ? Quels sont les aspects positifs et négatifs ?

Mon avis c’est qu’en France la situation est aujourd’hui paradoxale : on aide volontiers les développeurs indé. “amateurs” à progresser, à apprendre, à se rencontrer, mais pour passer professionnel c’est une autre paire de manches !

En effet d’un côté, l’écosystème est devenu plus accueillant, plus “friendly” pour un développeur/graphiste indé, avec des progrès remarquables ces dernières années : les nouveaux espaces de co-working (comme le Shadok à Strasbourg), on organise des game jam, des expositions sur le jeu vidéo, des apéros entrepreneurs, etc.

Et d’un autre côté, dans le monde du business ou auprès des institutions, le jeu vidéo reste affligé de l’étiquette “pas sérieux” !
D’après mon expérience, il est relativement compliqué d’ouvrir un compte pro’ et de faire immatriculer une société destinée à créer du jeu vidéo, parce que les interlocuteurs vous prennent un peu pour un rigolo dès que le terme “jeu vidéo” est évoqué.
Il reste beaucoup de personnes persuadées qu’il est impossible de gagner sa vie grâce aux jeux. Cela influence nos chances de réussite en tant qu’entrepreneurs.

Il faudrait continuer à médiatiser le “bon côté” du jeu vidéo, surtout son impact positif sur l’économie et sur l’emploi. Il faut que les “success stories” à la française, comme celle d’Ankama games, soient connues de tous. Comme ça, avec l’aide de l’Etat, on aboutira à un écosystème plus efficace pour soutenir les nouvelles entreprises du jeu vidéo en France.

Site de Gaudia Tech 

Merci Thomas, et j’attends Kansas Challenge avec impatience !


Sélection musicale de Thomas !

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